Placée sous le
patronage du célèbre humaniste, qui fut le premier grand traducteur de
textes grecs, l'Association Guillaume Budé a été fondée en 1917 par une
cohorte de philologues français (Maurice Croiset, Paul Mazon, Louis
Bodin, Alfred Ernout), dans un but à la fois scientifique, culturel et
national. Elle avait pour vocation première, comme l'indique l'article 1
de ses statuts, la publication d'auteurs grecs et latins, car, dans ce
domaine, la France était en retard et en retrait par rapport à
l'Allemagne. Il s'agissait non seulement de produire des éditions
critiques de qualité, capables de rivaliser avec les grandes collections
allemandes, mais aussi de diffuser dans un large public la culture
gréco-latine, grâce à des volumes bilingues (grec/français ou
latin/français), en un mot de faire sortir la connaissance de la
littérature antique du cercle des érudits. C'est ainsi que naquit la
"Collection des Universités de France", la fameuse série des "Budé"
grecs et latins, et que fut créée, pour permettre la publication de ces
ouvrages, la "Société Les Belles Lettres pour le développement de la
culture classique", qui devint ensuite la Société d'Édition Les Belles
Lettres. Le maître d'oeuvre infatigable de cette entreprise ambitieuse
fut l'helléniste Paul Mazon, qui cumula jusqu'en 1939 les fonctions de
Secrétaire général de l'Association, de Directeur de la Collection des
Universités de France et de Président du Conseil d'Administration des
Belles Lettres.
Cependant, tout en poursuivant avec succès cette politique
d'édition, à laquelle collaborèrent les plus grands noms de la
philologie, de la linguistique et de l'archéologie, l'Association sut
rapidement accroître son audience, se faire connaître et apprécier du
grand public, en diversifiant ses activités : déclarée d'utilité
publique en 1923, elle crée la même année le Bulletin de l'Association
Guillaume Budé, organe trimestriel qui publie des articles de
vulgarisation scientifique de haut niveau et devient rapidement une
revue de référence. A l'initiative de l'éditeur Jean Malye, qui succède
à Paul Mazon comme Président du Conseil d'Administration des Belles
Lettres, elle innove en organisant en 1930 sa première croisière
archéologique, qui permet à un public cultivé de découvrir les grands
sites de l'Antiquité classique sous la conduite des plus éminents
spécialistes. Le premier Congrès de l'Association se tient à Nîmes en
1932. Dès lors, partout en France, et même à l'étranger, l'Association
essaime : des sections locales sont fondées en province et outre-mer ; à
partir de 1946, des clubs de "jeunes Budistes" voient le jour dans de
nombreux établissements scolaires. L'année 1968 témoigne de manière
éclatante de la vitalité de l'Association, qui célèbre à la fois son
cinquantenaire, le cinquième centenaire de la naissance de Guillaume
Budé et son huitième Congrès !
Dans les années 1970-2000, moins
favorables aux "humanités" que les décennies précédentes, les Présidents
successifs (Fernand Robert, Jacqueline de Romilly, Jean Beaujeu, Jacques Bompaire, Pierre Pouthier) déploient une activité inlassable pour
promouvoir les études classiques et pour donner à l'Association un
nouvel élan, en soutenant activement les sections locales. Si ces
dernières sont aujourd'hui moins nombreuses qu'il y a quarante ans,
elles forment néanmoins un tissu très vivant : par leur rayonnement, par
la diversité et la qualité des activités qu'elles proposent, elles
jouent un rôle essentiel dans la vie culturelle des villes où elles sont
implantées |