Biographie
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 BITAUBÉ (Paul-Jérémie), littérateur, né à Kœnigsberg en 1732, mort à Paris en 1808, est principalement connu par ses traductions à l'Iliade et de l'Odyssée d'Homère. Sa réputation fut grande, à la fin du dix-huitième siècle, en France et en Allemagne. Né en Prusse de parents d'origine française, Bitaubé avait été destiné par eux au sacerdoce, dans un temps où plusieurs gentilshommes de la même colonie avaient embrassé cet état. Bitaubé prêcha comme les autres Prusse littéraire, t. 1er, p. 261 et 262) ; mais son goût dominant le portait à la littérature, et, dès 1760, il publia, a Berlin, un Essai d'une nouvelle traduction d'Homère, écrit en français. Quoique né et élevé en Prusse, il tint toujours à honneur d'écrire dans la langue de Voltaire, et l'on pourrait presque dire de Frédéric le Grand. Depuis longtemps déjà, il était membre de l'académie royale de Berlin ; mais il s'ennuyait dans cette ville, et venait passer des années entières à Paris, sans la permission du roi. Il avait l'âme française. Il est parlé de ces absences insolites, qui déplaisaient au roi, dans la Vie de Frédéric II  (Strasbourg, 1787, in-12, t. IV, p. 71). Le grand Frédéric aimait à avoir sous la main les membres de son académie royale, comme ses soldats. Il y avait, pour Bitaubé, péril d'être effacé du nombre des académiciens de Berlin, et de perdre les prérogatives attachées à ce titre. Le margrave d'Anspach, dont il avait été le conseiller résident à la cour de Berlin, lui procura le moyen et la permission de résider à Paris, sans cesser d'être membre de l'académie de Berlin. Agrégé à l'Académie des inscriptions et belles-lettres peu de temps après la publication de l'Odyssée, Bitaubé appliqua tous ses soins à donner une nouvelle édition de sa traduction complète d'Homère. Cependant, la Révolution arriva ; la guerre fut déclarée a la Prusse, et Bitaubé, resté en France, fut privé de ses pensions, qui ne lui furent rendues qu'à la paix. Bitaubé était, il faut le dire, devenu tout à fait Français, par son long séjour en France, par ses sympathies pour la littérature française, et par les amitiés qu'il avait contractées à Paris avec la plupart des écrivains du temps, et particulièrement avec Ducis. Lorsque, en l'an IV, l'Institut fut établi, Bitaubé en fut nommé un des premiers membres, et rendit, en l'an VI, comme président, compte aux deux conseils des travaux de cet illustre corps. Bitaubé s'était marié en Prusse, à l'âge de vingt-huit ans (1758), avec une femme de la colonie française, qui mourut trois semaines avant lui, en 1808. Bitaubé, qui connaissait parfaitement l'allemand, ne voulut jamais écrire qu'en français. Dans sa jeunesse, il y avait été encouragé par un illustre exemple : Frédéric n'écrivit jamais rien non plus dans aucune autre langue. Nous le répétons, Bitaubé nous semble placé dans l'opinion publique au-dessous du rang qui lui appartient, et qu'il a mérité d'occuper par son caractère honorable et par ses utiles travaux.

Parmi ses autres oeuvres, on trouve :
1763 Examen de la profession de foi du vicaire savoyard.
1763 Joseph, poème en prose qui sera édité en 1767
1767 De l'influence des belles-lettres sur la philosophie
1769 Éloge de Corneille, qui a concouru à l'Académie de Rouen en 1768.
1775 Guillaume de Nassau, renommé les Bataves en 1797
1787 Vie de Frédéric II
1795 Traduction d'Hermann et Dorothée de Goethe.