Biographie
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  Bernard Picart, fils du graveur Etienne Picart, Naquit à Paris en 1663 : profitant des leçons de son père, il ne tarda pas à se faire une brillante réputation comme graveur et comme dessinateur. Aussi habile à manier le burin que la pointe, il exécuta une foule de petits sujets dans lesquels il sut combiner avec adresse les deux procédés et où l'on admirait une fécondité d'invention et une habileté de main qui le firent comparer à Sébastien Leclerc. Il avait, en outre, un talent particulier pour imiter la manière de divers maîtres; et les pièces qu'il a exécutées dans le style de Rembrandt, du Guide, etc., ont trompé plus d'un connaisseur. Il appelait ces morceaux des impostures innocentes.

  On doit dire cependant, pour sa justification, qu'ils ne parurent qu'après sa mort, en un volume in-folio, publié en 1738, accompagné de 78 planches et auquel est joint le Catalogue général de son oeuvre, composé de plus de 1300 planches. Il jouissait d'une réputation justement acquise, lorsque son père choisit Amsterdam pour son séjour. Les librairies de cette ville s'empressèrent de mettre ses talents à contribution; mais la multitude de travaux qu'on lui commanda l'empêcha d'apporter à leur exécution le soin qui faisait le mérite des premiers. On exigeait de lui des ouvrages froids et léchés : Bernard adopta cette manière pour satisfaire le goût du public; et ses productions ne s'en ressentirent que trop. Il gagna beaucoup d'argent : mais ce fut aux dépens de sa réputation; et de son vivant même il vit les connaisseurs ne faire cas que de ses premiers ouvrages. Il était très laborieux et son travail était facile; de là est résulté le grand nombre de pièces qu'il a produites : on doit même ajouter que la plupart sont gravées sur ses propres dessins, qu'il exécutait avec un soin et un fini particulier. Dans ses compositions, il a tâché d'imiter le faire d'Antoine Coypel : et il n'est pas moins riche ni moins abondant que lui; mais il en a pris l'afféterie et les grâces maniérées.

   Cependant son oeuvre est extrêmement curieuse et piquante par la variété des sujets et par l'esprit avec lequel ils sont composés. Il serait trop long de citer tous les morceaux qu'on doit à son burin. Parmi ses Portraits, les plus remarquables sont ceux de son père, de Roger de Piles, du prince Eugène, et celui (en médaillon) du Régent soutenu par Apollon et Minerve, d'après Coypel. Sa pièce capitale est le Massacre des Innocents, grande composition d'après lui-même. On cite également ses Epithalames, suite composée de douze pièces extrêmement gracieuses. Parmi les planches qu'il a gravées d'après différents maîtres, on distingue le Temps qui découvre la Vérité et les Bergers d'Arcadie, d'après le Poussin, et les Muses Calliope et Terpsichore, d'après Lesueur. Mais ce qui a rendu son nom pour ainsi dire populaire, ce sont les planches qu'il a jointes au Traité des cérémonies religieuses de toutes les nations, ouvrage dont les gravures forment le seul mérite : le texte de l'édition originale (Amsterdam, 1723-43, 11 vol. in-folio), rédigé par J.-F. Bernard et Bruzen de la Martinière, défigure, pour les tourner en ridicule, les dogmes et les rites de l'Église catholique. Celui de l'édition de 1783 insulte également toutes les communions chrétiennes. On fait peu de cas des éditions suivantes, dont les planches sont absolument usées. Bernard Picart mourut à Amsterdam en 1733.