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Andre Masson (Balagny1896 - Paris
1987) |
André
Masson passe son enfance à Bruxelles, où il découvre les esquisses de
Rubens et de Delacroix. Très tôt, ses dons de dessinateur se révèlent,
et ses parents décident de l'inscrire à l'École des beaux-arts de
Paris. Mais avant d'entrer dans la vie artistique, la Première Guerre
mondiale l'oblige à s'engager comme soldat d'infanterie sur le front. En
avril 1917, grièvement blessé au cours de l'offensive du Chemin des
Dames, il est hospitalisé. Il s'enfuit, est retrouvé et, finalement,
interné jusqu'à l'Armistice.
Passé cette période douloureuse, Masson, enfin, se
consacre pleinement à la peinture; il intègre le milieu montmartrois,
rencontre Georges Limbour, Max Jacob, Joan Miró, qui deviennent ses
familiers, et le marchand de tableaux Daniel Henry Kahnweiler, qui lui
offre un contrat. Sa peinture se nourrit alors d'un air du temps
postcubiste.
Son amitié avec Michel Leiris, Desnos, Artaud, Queneau inscrit André
Masson dans un mouvement où l'intérêt pour Rimbaud, les romantiques
allemands et, surtout, Nietzsche, est prédominant. En 1924, il rejoint
André Breton et participe à la fondation du groupe surréaliste. Dans
son travail, cette adhésion va de pair avec le développement de
l'automatisme – technique qu'il fait sienne – et l'emploi de toutes
sortes de matériaux bruts. Masson multiplie les images d'agression et de
conflit, et son œuvre tend un moment à verser du côté d'une
abstraction aux compositions éclatées, caractérisées par le schématisme
du graphisme. Sa rupture avec le surréalisme, en 1929, signe son désir
d'indépendance plus qu'un véritable désaccord. Sa peinture se développe
alors entre Éros et Thanatos, et la série des Massacres, que publie la
revue Minotaure en 1934, témoigne de l'énergie farouche qu'il déploie
pour être en prise avec le monde pour atteindre à une conscience des êtres
et des choses: en 1936 il milite en faveur de l'Espagne républicaine
comme d'autres de ses amis (le Jet de Sang, 1936, Paris, Musée national
d'art moderne).
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugie à New York. Son rôle
auprès de la colonie artistique américaine ne sera pas sans conséquence
sur l'éclatement postérieur d'une abstraction gestuelle telle que
Pollock a pu l'envisager. À force de jeter la couleur au hasard sur la
toile, Masson observe comment celle-ci donne finalement un sens à
l'espace ainsi créé et, peu à peu, laisse la forme reprendre sa place
au signe.
Les années 1950 sont celles d'une approche de la doctrine zen, Masson
ressentant le besoin d'un peu de calme «après tant de tableaux
dramatiques» ; sa peinture en devient plus fluide, et plus graphique. Il
dessine des lignes noires sur des fonds colorés. Mais ce moment
d'apaisement tant souhaité ne résiste pas à sa propre tourmente intérieure.
Qu'au plafond du théâtre de l'Odéon il représente, en 1965, la Tragédie
et la Comédie se partageant le champ de la passion humaine dit assez que
ce qui l'anime au plus profond de son être, c'est une inquiétude somme
toute métaphysique sur le destin de l'homme, sur les ressorts de son
devenir. Quelque chose de tellurique est à l'œuvre chez cet artiste
visionnaire, qui effraie et qui fascine à la fois. L'aspect littéraire
de l'œuvre énorme (peintures, gravures, illustrations) d'André Masson
en fait toute la singularité. Le mythe et l'homme y occupent une place
capitale, tant l'artiste tint à mettre en scène des figures incarnant
les forces de la nature et les différentes facettes de la condition
humaine.
Figure essentielle du surréalisme, Masson a traversé de bout en bout le
XXe siècle, sans jamais avoir manqué de participer pleinement à son
aventure, même aux moments les plus pénibles de son histoire. En 1976,
le Museum of Modern Art de New York lui a consacré une rétrospective,
ainsi que le Grand Palais à Paris.
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